Créée en juillet 2017 et basée à Aix-en-Provence, First Personal Xperience pourrait bien secouer le secteur des loisirs.

Jugez plutôt.

Cette startup, initialement fondée dans le 8° à Paris, crée des expériences immersives et interactives pour des groupes ou des individus mêlant théâtre immersif(1), réalité virtuelle(2), capture émotionnelle(3) et escape game(4) depuis ses bureaux à Aix et son atelier de production de 1200m2 à Roquefort-la-Bedoule. Cette jeune société prévoit également de développer plusieurs centres de loisirs dédiés à cet entertainment nouvelle génération dans toute la France.

Cyril Villalonga, son fondateur, également créateur du festival Geekopolis et rédacteur pour le Journal Du Geek, ne s’en cache pas : les ambitions de FPX, 26 salariés à l’heure actuelle, 35 d’ici deux mois, sont importantes.

Des ambitions somme toute raisonnables puisque ce nouveau type de loisir est en pleine expansion. Nous avions quelques questions à lui poser. Et à lui, pas à son hologramme.

 

Loin du monde des loisirs, FPX est devenue en septembre 2017 une filiale du Groupe QUARTUS, promoteur immobilier qui se définit comme « premier ensemblier urbain français indépendant tourné vers les « nouveaux usages » ». Que faites-vous exactement pour Quartus ?

Quartus, acteur reconnu de la promotion immobilière en France, veut développer l’entertainment et se démarquer en utilisant nos compétences en réalité virtuelle et en réalité augmentée(5) dans le cadre de la promotion immobilière.

Comme à l’occasion du salon Mipim PropTech, les 20 et 21 juin dernier : nous avons conçu un stand sur lequel les visiteurs pouvaient, au moyen d’un casque de réalité virtuelle et d’effets spéciaux, visualiser leur futur appartement. Nous avons même reproduit l’odeur d’un gâteau sortant du four et la brise provenant d’un balcon.

En outre, Quartus souhaite innover et proposer de nouveaux services intégrés à ses prochains projets immobiliers comme des conciergeries, mais aussi des centres de loisirs nouvelle génération au sein de ses prochaines constructions, au même titre qu’un cinéma ou un bowling par exemple. C’est inédit en France.

Enfin, nous nous chargeons de la virtualisation de leur offre : à partir des plans d’un architecte, nous pouvons :

  • montrer tout un quartier en réalité augmentée à la place de la traditionnelle maquette,
  • faire visiter un appartement, un bureau, un entrepôt ou une résidence sénior avec un casque de réalité virtuelle.

L’objectif à terme est de mettre l’offre de Quartus intégralement en ligne, en 3D, et à consulter de chez soi avec un casque de réalité virtuelle. Un dispositif qui sera disponible en agence d’ici quelque mois et servira d’outil à la vente pour les agents immobiliers.

Aujourd’hui, acheter son futur appartement après l’avoir visité grâce à la réalité virtuelle est encore marginal mais c’est l’immobilier du futur, à l’instar des courses sur internet ou de la gestion d’un compte bancaire en ligne il y a quelques années.

 

Concernant les parcs d’attraction nouvelle génération que vous souhaitez implémenter en France, pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous sommes en train de développer un nouveau type de loisirs et nous avons prévu, à partir d’avril 2019, d’ouvrir un à deux centres par an, partout en France.

Le premier ouvrira à Clermont-Ferrand pour des raisons historiques, puis suivront Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Nantes… Les gens pourront venir un boire un verre, jouer…

Le test, bien sûr, c’est « Mutations », un programme qui s’est tenu du 28 octobre au 5 novembre 2017 dans le Nord de Paris mêlant théâtre interactif, escape game, et réalité virtuelle horrifique pendant 2 heures et conçu pour 8 personnes. Test réussi, puisque les 1 500 places à 60€ ont été vendues en une semaine et nous avons eu de nombreuses parutions dans les médias [20 Minutes, France Inter, Le Parisien, Le Figaro, Libération, CNews…]. Nous avons dû refuser l’entrée à plusieurs centaines de personnes, et parmi les participants certains venaient même de l’étranger.

Nous continuerons d’organiser environ deux programmes éphémères par an, et le prochain se déroulera à Nantes, à l’occasion d’Halloween.

 

La presse qui a parlé de votre premier programme, « Mutations », est unanime : le résultat est effrayant. D’où vous viennent vos idées de scénarios et resterez-vous dans cet univers ?

Les thématiques de nos expériences sont variées : à bord d’un vaisseau miniaturisé dans le corps humain, dans un univers sous-terrain ou réalité et onirisme se mêlent… Leur seul point commun, c’est qu’ils seront ludiques et s’adresseront à tous, de 12 à 77 ans.

Toute l’équipe First Personal Xperience expérimente elle-même ce type d’activités. Moi y compris, et j’effectue une veille constante sur ce type de loisirs. En outre, en plus de notre équipe de 26 personnes, qui ont de l’imagination, nous travaillons avec des prestataires et notamment des romanciers qui ont pour mission d’inventer des histoires. C’est le cas de Mathieu Gaborit.

Notre inspiration provient des livres, du cinéma, de la pop-culture…

 

Avez-vous prévu de faire des « serious games », ces programmes ludiques qui s’intègrent de plus en plus dans les formations ?

En réalité, certaines entreprises font déjà appel à nous pour mettre sur pied ce type de programmes mais nous répondons au cas par cas.

 

Est-ce qu’il y avait de la place dans le secteur des loisirs, ou êtes-vous en train de « grignoter » des parts au cinéma, aux jeux vidéo, aux parcs d’attraction ?

Non je ne pense pas que nous prenions des parts aux autres types de loisirs.

Participer à une de nos expériences n’empêchera pas les gens de continuer à jouer aux jeux vidéo, par exemple. Ce sont deux choses bien distinctes. Dans nos programmes, les joueurs peuvent sentir le souffle d’une explosion ou nous pouvons recréer l’effet d’un ascenseur qui descend très vite, c’est physique, et cela dure une ou deux heures.

Les expériences que nous proposons ne vont pas non plus supplanter le cinéma, même si effectivement il y a une demande croissante de cinéma interactif.

Il faut bien comprendre que l’escape game, pour ne citer que ce type de loisir immersif, n’est plus une niche depuis longtemps : aujourd’hui en France, il en existe 1600 salles.

 

Concernant à ce type d’expérience : est-ce que ça dit quelque chose de notre société par rapport au danger, au sang-froid, au besoin de se tester sans danger ou est-ce que vous pensez qu’on surinterprète l’intérêt que suscitent ces nouvelles attractions ?

On peut aimer le jeu horrifique au même titre qu’on aime faire du saut à l’élastique : parce qu’on aime avoir peur.

Dans d’autres univers, ce sera le dépaysement, l’évasion. Mais le premier intérêt selon moi de ce type d’expérience, c’est de devenir le héros d’une histoire, plutôt que d’assister simplement aux aventures de quelqu’un d’autre, d’être confronté à des choix qui vont impacter la narration.

Après tout, le ressort émotionnel préféré du public c’est justement lorsqu’il arrive à se projeter dans un des personnages.

Ce qui explique aussi le nom de notre société, First Personal Xperience, qui signifie expérience à la 1ère personne.

 

Vous vous définissez comme un « laboratoire d’usage et d’hybridation alliant technologie, sciences, arts et culture ». Aujourd’hui il existe des logiciels pour reproduire la voix de quelqu’un, faire bouger les lèvres d’une personne dans une vidéo et les robots sont dotés d’intelligence artificielle. Certains y voient l’avènement d’une société à la Matrix, ce qui entoure ces nouvelles technologies d’un halo de mystère. Est-ce que vous ne pensez pas que, pour se démocratiser, ces dernières devraient s’insérer harmonieusement à nos usages et devenir davantage des supports, plutôt que de jouer la carte du fantastique ?

Mais c’est déjà le cas ! La preuve avec ce que nous faisons pour Quartus, mais vous trouvez des applications de la réalité virtuelle dans tous les domaines aujourd’hui. Récemment pour exemple, lors du Congrès International de la Société Française d’Ophtalmologie, nous avons créé un stand pour Novartis sur lequel nous proposions une simulation de la DMLA [dégénérescence maculaire liée à l’âge].

Dans quelques années, la réalité virtuelle sera couramment utilisée comme un outil de démonstration, de promotion, dans tous les secteurs. Le seul frein aujourd’hui est le prix des équipements, mais il baissera, comme toutes les autres technologies avant elle.

 

Enfin, pourquoi vous être installé à Aix-en-Provence ? Pourquoi avoir choisi le Centre d’Affaires Amadeus ?

La première équipe était composée principalement d’aixois. Nous avons trouvé un cadre idéal à Roquefort-La-Bedoule mais nous souhaitions aussi avoir une base en centre-ville. C’est un cadre de travail agréable au quotidien, nous ne prenons pratiquement pas les transports pour nous rendre sur notre lieu de travail. Et on sait combien la qualité de vie au travail est un facteur de motivation.

  1. Théâtre immersif : c’est une nouvelle forme de jeu d’acteur dans lequel le spectateur peut interagir avec les comédiens. C’est un nouveau type de théâtre, relativement récent, qui propose une nouvelle expérience au spectateur, plus vraiment spectateur, en brouillant les frontières entre réel et fictif.
  2. Réalité virtuelle : contrairement à la réalité augmentée, c’est une scène ou un décor créé de toutes pièces et visible sur un terminal numérique. Elle peut être créée en 3D, accessible via un masque de réalité virtuelle… On l’associe souvent au monde de jeux vidéo mais elle est de plus en plus utilisée dans d’autres domaines, comme la pédagogie.
  3. Capture émotionnelle : aujourd’hui il est possible de connaître à tout moment votre niveau de stress, par exemple, au moyen d’un bracelet connecté et d’adapter un programme de réalité virtuelle en fonction de celui-ci.
  4. Un escape game est un jeu, généralement conçu pour 6 à 8 personnes plongées dans une pièce fermée –sous surveillance, bien sûr- et comportant des indices. Au bout d’une heure ou deux, la logique, la réactivité et l’entraide permettront au groupe de dénouer l’intrigue et de sortir de la pièce. À savoir : certains services de ressources humaines commencent à s’en servir pour leurs recrutements.]
  5. Réalité augmentée : c’est souvent à l’aide d’une tablette numérique ou d’un masque de réalité virtuelle qu’à partir d’une situation réelle –un appartement, une rue…-, la réalité augmentée permet d’ajouter des éléments de réalité virtuelle comme des personnages fictifs, des objets de décoration, etc… à un décor réel.