Est-ce le bon moment pour lancer un ecommerce ?

La crise épidémique a, dit-on, accéléré des tendances existantes. Transformation numérique amplifiée, télétravail renforcé, vente à distance privilégiée… Le commerce de proximité se relève à peine du 2ème confinement qu’il doit déjà se restreindre, les salons sont annulés les uns après les autres, et en plus, une partie de la clientèle hésite à se rendre dans des points de vente en physique.

Pour beaucoup, le ecommerce apparaît donc comme la solution pour continuer de s’adresser à un grand public sans subir les restrictions liées à l’épidémie de Covid 19. Selon certains observateurs, il pourrait représenter près de 18% des ventes au détail en Europe en 2021.

Mais est-ce vraiment la solution pour tous les types de produits et services ?

Ne peut-on pas craindre, à terme, une e-saturation des e-consommateurs ?

Et surtout, un site internet ecommerce est-il toujours l’unique solution pour vendre en ligne ?

Faire le point sur l’offre

Si vous envisagez de vendre sur internet, vous avez sûrement déjà effectué un benchmark, c’est-à-dire une étude de marché indispensable qu’il convient de réaliser en amont de tout projet :

  • Lancement d’une entreprise
  • Lancement d’une gamme de produit
  • Lancement d’un nouveau produit.

Cette étude de marché vous permettra de comprendre :

  • Si le marché est saturé
  • Comment se positionnent vos futurs concurrents, leur image et leur communication,
  • Par quels canaux ils vendent, à quel prix, etc.

En 2007, ouvrir une boutique de cigarettes électroniques était précurseur. En 2012, le marché était saturé et les acteurs les mieux installés s’étaient partagé la demande existante, convertissant les acheteurs en clients fidèles

Il en est de même en ligne et il vaut mieux disposer du budget nécessaire pour créer un site, créer un logo et faire de la publicité, que vous proposiez un produit innovant ou non, a fortiori si vous entrez sur un marché concurrentiel.

En 2021, par exemple, le dropshipping* est sur la sellette car beaucoup ont cru à un moyen facile et rapide de gagner beaucoup d’argent. En conséquence de quoi, la concurrence s’est accrue.

Quel que soit le projet, il convient de mesurer les opportunités et les menaces avant de se lancer. Quitte à rectifier un peu le tir avant de commencer.

Se tenir au courant des dernières tendances

Avez-vous déjà entendu parlé de l’ « athleisure » ? De la tendance « Unfinished » ? Du « mental wear » ? De la « passion economy » ? Si ces mots ne vous évoquent rien de simples recherches sur Google vous renseigneront sur le sujet.

Pour le ecommerce comme pour le monde des affaires en général, le soleil se lève à l’ouest. En effet, quel que soit votre domaine, vous pouvez vous inspirer des tendances qui proviennent des États-Unis.

De nombreuses entreprises françaises ont réussi de cette façon : elles ont adapté au marché français un concept qu’elles avaient vu aux États-Unis. Vous pouvez également trouver des idées chez nos voisins européens, allemands, espagnols ou italiens.

Valeurs affichées, communication, produits à la mode… Vous pouvez observer la façon dont les entreprises se positionnent, communiquent, et présentent leur offre. Car quitte à lancer un ecommerce, autant proposer quelque chose de nouveau et de tendance, non ?

A voir : Les Pepites Tech, French Tech, In bed with Tech, Dynamique-mag…

Et si vous lisez en anglais : The Verge

Vendre en ligne sans site ecommerce, c’est possible ?

Quand on pense ecommerce on pense souvent « site commerce ». Et cela freine plus d’un élan. En effet, créer un site ecommerce c’est :

  • Trouver une agence/un professionnel disponible et compétent/e
  • Disposer du budget nécessaire
  • Ou prendre le temps nécessaire pour le faire soi-même, le concevoir entièrement et gérer les aspects techniques.

Et il faut également gérer le stockage, la gestion des livraisons, le shooting de vos produits, la rédaction des descriptifs…

Bonne nouvelle : c’est possible. Vous n’êtes pas obligé d’avoir un site ecommerce pour vendre sur internet. En effet, c’est une erreur de croire qu’il faut absolument disposer d’un site commerce dès le début. Vous pouvez, au moins les premiers temps, passer par d’autres plateformes qui proposeront vos produits sur leurs étagères virtuelles.

Il existe principalement deux alternatives : la vente sur les réseaux sociaux, et la vente sur les marketplaces.

Vendre sur les réseaux sociaux

Pour vous passer de site ecommerce vous pouvez, au moins dans un premier temps, passer par les réseaux sociaux. On appelle ça le « social selling » : c’est le réseau social qui sert de plateforme de vente. Idéal pour commencer et voir comment le public réagit.

Facebook Marketplace

Depuis août 2017, vous pouvez vendre des articles de détail gratuitement sur Facebook. Très simple à mettre en œuvre, un catalogue de produits sur Facebook vous permettra de tester votre marché auprès de personnes prêtes à l’achat et situées à proximité. Donc, de faire votre benchmark (cf. supra).

Le bonus ? Comme Facebook et Instagram font partie de la même régie publicitaire, vous pourrez facilement propulser vos articles sur Instagram.

Instagram shopping

Depuis 2018, il est possible de vendre depuis votre compte Instagram, si celui-ci est bien identifié comme compte business, grâce à la fonctionnalité « Shopping ».

Comment ça fonctionne ? Vous devrez synchroniser un catalogue de produits depuis Facebook, puis les « taguer ». A chaque fois qu’un internaute cliquera sur une étiquette apposée sur un article dans un visuel, il sera redirigé vers une fiche produit. L’avantage de ce fonctionnement réside dans le fait que les internautes découvriront votre produit en contexte.

Néanmoins, il vous faudra avoir une certaine présence sur le réseau social avant d’utiliser cette fonctionnalité. En effet, pour pouvoir accéder à l’interface permettant de poster des fiches produits, Instagram exige de vous que vous ayez déjà une certaine base d’abonnés, sans toutefois préciser la taille de cette base nécessaire.

Vendre sur les places de marché, ou marketplaces

Vendre sur les marketplaces, pas sérieux ? Détrompez-vous. Aux États-Unis, des business angel se sont spécialisés dans le rachat des boutiques Amazon qui cartonnent. C’est véritablement devenu un business à part, surfant sur le succès de la plateforme américaine.

Amazon, sous un autre angle

D’autant plus qu’Amazon est conscient qu’il a fort à faire pour redorer son blason un peu écorné par les révélations sur les conditions de travail sur les plateformes logistiques. Selon ses propres informations, « plus de la moitié de toutes les unités » vendues sur Amazon provient de « petites et moyennes entreprises ». Une communication qui n’est pas sans rappeler celle d’un autre géant du web, Youtube, dont la patronne, Susan Wojcicki, affirme qu’il a rémunéré les créateurs de contenus, les artistes et les médias à hauteur de 30 milliards de dollars sur les trois dernières années.

Désormais, les plateformes veulent se positionner comme des accélérateurs de réussite, des facilitateurs, au bénéfice des entrepreneurs et des porteurs de projets. Et c’est ainsi qu’Amazon a récemment lancé L’accélérateur du numérique : une plateforme de formation pour aider les ecommerçants à vendre sur sa plateforme.

Le coût ? 39 € HT / mois. C’est ce qu’il vous en coûtera de vendre sur la plateforme américaine qui a réalisé, en 2020 encore, de nouveaux records.

Cdiscount, ManoMano, La Fnac : les french marketplaces

Vous préférez rester sous bannière tricolore ? Cdiscount, la Fnac et ManoMano constituent de véritables alternatives, généralistes ou spécialisées, au géant américain. Elles ont, elles aussi, été boostées par l’engouement pour la vente en ligne, qui a explosé pendant le confinement. ManoMano a même dépassé Amazon sur la catégorie « Bricolage ».

Cdiscount propose quant à lui aux commerçants et aux artisans français un abonnement gratuit pendant 6 mois, des webinaires et un accompagnement afin de faire décoller les ventes, dans un élan chauviniste complètement assumé.

La Fnac enfin, propose à d’autres marchands de figurer sur son site depuis 2009 dans les catégories téléphonie, électroménager, informatique, sport… Et depuis que le groupe a racheté Darty, il bénéficie d’une audience importante. C’est simple, aujourd’hui, Fnac Darty Marketplace revendique la place de « 2ème destination ecommerce française ».

« Sacrés français » !

Etsy, la marketplace spécialisée dans l’artisanat

Etsy enfin, est la plateforme idéale pour vendre des articles artisanaux. De la décoration aux bijoux en passant par l’habillement, cette place de marché disponible dans de nombreuses langues et dans plusieurs devises vous permettra de toucher un grand public amateur de jolis objets, dans un cadre esthétique qui se prête particulièrement bien au shopping plaisir.

En conclusion, le moment est véritablement idéal pour lancer un ecommerce. La crise épidémique et l’amélioration des services de livraison ont boosté la vente en ligne. Vous pouvez bien évidemment créer un site ecommerce mais, pour tester votre marché et confronter les données de votre benchmark à la réalité, vous pouvez commencer par vendre sur les réseaux sociaux. Vous aurez tout loisir par la suite de passer sur les places de marché et ainsi, de déployer votre activité en touchant une audience bien plus large grâce à des plateformes de plus en plus puissantes.

Bouge Ta Boîte : le réseau business féminin bienveillant et exigeant

Elles sont entre 15 et 20 entrepreneures à se réunir tous les 15 jours au centre d‘affaires AMADEUS à Aix-en-Provence pour se soutenir, se donner des conseils, et surtout, faire prospérer leur activité.

Elles, ce sont les membres de Bouge ta Boîte, un réseau business féminin créé par une femme, Marie Eloy, pour des femmes.

Le but : gagner en stratégie, développer son chiffre d’affaires et accroître son leadership. Et ça marche, puisque les membres de Bouge Ta Boîte vivent toutes de leur activité.

Et la formule plaît car en un peu plus d’un an d’existence, le réseau d’origine bretonne a essaimé dans toute la France. Aujourd’hui, Bouge ta Boîte ce ne sont pas moins de 1 700 membres, 50 coordinatrices dans 39 villes et plus de 500 événements par mois, ainsi que des partenariats avec la BPI, AXA, BNP Paribas, etc.

Caroline Szmukler, la boosteuse du groupe d’Aix-en-Provence de ce début d’année 2021 s’est volontiers prêtée au jeu de l’interview pour nous en dire plus. Elle est elle-même adhérente et a pris l’initiative d’animer ce groupe pour 6 mois.

D’où vous vient cette énergie ? Quelle est l’origine du projet et sa raison d’être ?

Marie Eloy, sa fondatrice, est déjà elle-même pleine d’énergie !

Il s’agit d’un réseau français et féminin. Féminin, car Marie Eloy s’est rendue compte, tout au long de son propre parcours, que beaucoup de femmes ne vivaient pas de leur activité. Elle avait déjà créé Femmes des Territoires, une association d’entraide entre femmes basée en Bretagne. Bouge ta Boîte est arrivé après, et a pris racine dans le sud en 2018.

L’énergie de ce réseau repose sur elle, mais aussi sur les personnes dont elle s’est entourée et sur les méthodes et outils qu’elle a su mettre en place, au service de l’entrepreneuriat féminin.

Le groupe Bouge ta Boîte d’Aix-en-Provence, réuni dans le patio du Centre Amadeus

Comment  vous positionnez-vous par rapport aux associations professionnelles d’entraide entre femmes ?

Bouge Ta Boîte est une société et non une association, c’est ce qui lui permet de se positionner différemment. Je n’ai pas, personnellement, « testé » l’accompagnement de ces associations. En ce qui me concerne, j’ai choisi d’intégrer Bouge Ta Boîte essentiellement parce que je voyais passer des informations à son sujet dans mon réseau, notamment sur LinkedIn.

En ce qui me concerne, je me suis sentie en phase avec l’accent porté sur le business par Bouge Ta Boîte, quand d’autres organismes mettent l’accent sur l’entraide. Néanmoins, il est tout à fait possible d’appartenir à plusieurs réseaux d’affaires et c’est mon cas.

Quel genre de femme tape à votre porte ? Besoins particuliers, secteurs, profil… Qu’ont-elles en commun ?

Concernant les profils, je constate qu’il y a autant d’auto-entrepreneures et de TPE individuelles que de personnes issues de TPE/PME de 20 ou 30 salariés.

Concernant les secteurs, à peu près tous les domaines sont représentés. Je suis avocate, et lors de notre réunion d’aujourd’hui étaient présentes une graphiste, la représentante d’une agence de communication, une agente immobilière, une agente AXA, une sophrologue, une secrétaire externalisée, mais aussi la représentante d’une société de garde d’enfants à domicile, et une experte comptable. J’ai observé le même phénomène en Provence et ailleurs en France : il n’y a pas un secteur ou un métier qui prévaut, c’est très varié.

Enfin, les entrepreneures nous trouvent via leur propre réseau professionnel car, lorsqu’on est adhérente, donc « bougeuse », il nous incombe d’inviter d’autres personnes, et de participer ainsi à la notoriété croissante de Bouge Ta Boîte, qui fournit également des supports de communication –kakémono, page LinkedIn, flyers, stand sur un salon, logos… – pour se faire. C’est le propre d’un réseau : plus nous sommes nombreuses, plus il sera efficace.

D’ailleurs, nous abordons précisément ce point dans certains de nos webinaires. Nous partageons beaucoup d’informations entre nous. C’est de cette façon que je suis entrée en contact avec d’autres avocates basées ailleurs en France et nous nous entraidons ainsi.

Comment se déroulent vos réunions ?

Nos réunions, les BougeUP, se déroulent en milieu de journée. Passé l’accueil des invitées éventuelles, je rappelle le déroulé de la réunion et, à tour de rôle, nous indiquons notre « météo du jour » par un adjectif, c’est-à-dire notre humeur. Ensuite, nous faisons chacune un pitch*, puis s’ensuit une présentation métier : pendant 10 minutes, une des adhérentes nous présente son métier, puis répond aux questions pendant 10 minutes supplémentaires.

S’ensuit le « coup de boost » qui permet d’aborder ce dont nous avons besoin pour notre prévisionnel. En effet, ce sujet fait souvent cruellement défaut chez les entrepreneures.

Enfin, nous terminons par un brainstorming qui dure 30 minutes tout au plus sur un sujet proposé par une des boosteuses. Aujourd’hui par exemple, nous avons choisi de traiter de la problématique suivante : savoir dire non à un client. De cette façon, chacune peut partager son expérience et son vécu.

La réunion se conclut sur la « météo de fin », qui nous permet de vérifier si ce temps passé ensemble a été constructif pour celles dont la météo était en berne !

Pourquoi un réseau uniquement féminin ?

Je n’avais pas d’objection particulière concernant d’autres réseaux mais l’horaire et la périodicité me convenaient en plus de, comme je l’ai évoqué plus haut, l’importance accordée au développement, et j’ai présumé que d’autres femmes comprendraient mieux mes propres contraintes personnelles, familiales, et mes problématiques.

Certains pensent que le genre ne prédispose pas de la personnalité et qu’il faut lutter contre les stéréotypes de genre.

D’autres plaident justement pour la mixité, partant du principe qu’hommes et femmes s’enrichissent mutuellement par leurs différences. Où vous situez-vous ? Qu’est-ce que les femmes ont en commun ?

Pour ne rien vous cacher, c’est une réflexion que j’ai eue avec moi-même ! C’est un sujet mais, dans l’esprit de sa fondatrice, Bouge Ta Boîte n’a pas été créé en opposition par rapport aux hommes.

Bouge Ta Boîte ne veut pas enfermer dans des stéréotypes, justement. L’idée est de véritablement coacher spécifiquement les femmes dans un environnement certes bienveillant, mais aussi exigeant. Les chiffres le prouvent : il existe une problématique spécifique aux entrepreneures. Néanmoins, Bouge Ta Boîte donne également la parole à des hommes, notamment lors de conférences qui nous permettent d’enrichir notre réflexion.

C’est un réseau qui s’est construit à partir de constats factuels et non d’une idéologie particulière, ce qui n’empêche pas à chacune d’avoir ses propres convictions.

Enfin, pourquoi avoir choisi le centre Amadeus ?

Bouge Ta Boîte fonctionne avec des partenariats ; la BNP nous accueilli quelques temps avant  le confinement et la crise épidémique.

C’est notre animatrice Sud Est qui a pris contact avec le Centre Amadeus, qui est devenu notre entreprise « marraine ». L’avantage est qu’il se trouve dans le centre d’Aix-en-Provence et qu’il est très bien situé. En outre, les lieux se prêtent bien à nos réunions et nous avons le loisir d’y rencontrer d’autres entreprises.

Nous avons repris les réunions en présentiel depuis début janvier, après  le confinement de fin d’année  et des réunions en visio conférences ; bien sur les salles  mises à disposition  nous permettent de respecter  toutes les mesures barrières. Je rappelle qu’il s’agit de réunions de travail, et non de loisir !

*Pitcher : issu du milieu des startups, cet exercice avait pour but initialement de présenter en 30 secondes ou quelques minutes tout au plus son métier et ses atouts à des investisseurs ou des jurys dans le but de les convaincre d’investir ou de gagner un concours.