Les 7 et 8 février derniers s’est tenu à Paris le salon des entrepreneurs (#SDE2018). L’occasion de se pencher sur les sujets liés à l’entrepreneuriat, qui tente désormais 13 millions de français, mais aussi sur un chiffre : au bout de 5 ans, 49,5% des entreprises mettent la clé sous la porte (INSEE).

Sujet délicat à aborder, il souffle pourtant un vent nouveau sur l’entrepreneuriat qui pourrait nous aider à comprendre comment assurer la pérennité d’une entreprise, a fortiori après une première expérience infructueuse.

Durée de vie de l’entreprise : que disent les statistiques ?

L’INSEE a suivi et étudié 215 000 entreprises de 2002 à 2010. Et voici ce que l’étude conclut :

  • Forme juridique : les sociétés ont de meilleures chances de survie que les entreprises individuelles. C’est statistique, après 5 ans, 59% des sociétés sont encore en activité, contre 47% des entreprises individuelles.
  • Secteur d’activité : selon cette étude, 5 ans après leur création plus de la moitié des entreprises dans le commerce avait fermé. L’immobilier, les transports, les services aux entreprises, l’industrie hors agroalimentaire, ou encore la construction s’en sortent mieux.
  • Profil du dirigeant : statistiquement, plus le dirigeant a de l’expérience dans un domaine similaire et est diplômé, et plus sa société a de chances d’être pérenne.
  • Montant du capital investi : au bout de 5 ans, les entreprises disposant d’un capital élevé (80 000€) étaient encore en activité à 67%, contre 46% de celles disposant d’un capital de 2 000€.
  • Enfin, sans surprise, un bon accompagnement du chef d’entreprise par une structure d’aide à la création d’entreprise aide également à pérenniser une activité.

 

Les causes de l’échec d’une entreprise

Mais ces statistiques ne répondent pas au « pourquoi ». Or, si la raison d’une fermeture d’entreprise est, en résumé, que l’actif ne parvient pas à couvrir les dépenses, on peut détailler un peu mieux les raisons qui poussent un entrepreneur à clôturer son activité :

  • un déficit commercial et manque de communication
  • un mauvais mix marketing : un produit ou service mal adapté au marché
  • une mauvaise entente dans l’équipe
  • une mauvaise gestion, et/ou manque de rentabilité

Le déficit commercial comprend le manque de moyens et/ou de personnes allouées à l’acquisition de nouveaux clients mais aussi à leur fidélisation. Cela inclut également le manque de réseau du chef d’entreprise et une communication insuffisante, notamment la communication sur le web.

Le mauvais mix marketing, c’est un produit ou un service ne rencontrant pas son public, pas assez innovant ou trop cher par rapport à ce qui existe déjà sur le marché. A fortiori lorsque dans de plus en plus de business models, les utilisateurs ne sont pas les payeurs…

Cela peut paraître évident, mais la mauvaise entente dans une équipe peut mettre en difficulté n’importe quel projet. D’où un soin particulier à porter au management.

Enfin, une mauvaise gestion et un manque de rentabilité englobe des problèmes de gestion des stocks, une mauvaise estimation du ratio main d’œuvre/tarif de la prestation, et monétisation trop faible d’espaces publicitaires d’un service gratuit pour les utilisateurs.

Évidemment, cette liste est loin d’être exhaustive. Mais c’est un résumé des points névralgiques qu’il convient de surveiller si l’on veut assurer la pérennité d’une entreprise.

60 000 Rebonds, FailCon… : vers un meilleur accompagnement et la dédramatisation de l’échec

Si l’on ajoute à cela les contraintes administratives et les charges, rien d’étonnant à ce que de nombreuses entreprises puissent,  à un moment ou un autre, traverser des difficultés.

Pourtant il semblerait qu’une nouvelle culture de l’entrepreneuriat émerge en France, notamment grâce à la dédramatisation de l’échec, qui ne serait plus vu comme un tabou, mais comme une expérience à mettre à profit. C’est dans ce contexte qu’est née l’association 60 000 Rebonds, première association en France à accompagner les entrepreneurs après une liquidation judiciaire et reconnue d’utilité publique depuis 2016.

Présente dans plus de 20 villes, cette structure se présente comme un laboratoire de l’entrepreneuriat et travaille à faire changer les mentalités.

Et aider les entrepreneurs à se remettre en selle.

La stigmatisation de l’échec, c’est aussi ce contre quoi la conférence FailCon entend s’ériger pour encourager l’entrepreneuriat.

Importée des Etats-Unis, cette grand messe de l’expérience entrepreneuriale organisée depuis 2011 par Roxanne Varza, directrice de la Station F à Paris (« plus grand incubateur d’Europe ») et figure incontournable du milieu startup, donne la parole à Paris, Grenoble, Lyon, Toulouse… aux entrepreneurs qui ont essuyé un échec.

Car, de l’avis de Benjamin Böhle-Roitelet, fondateur de l’incubateur de startups Ekito et organisateur du Failcon Toulouse : « Il faut briser l’omerta sur l’échec car on constate que les meilleurs sont ceux qui se sont plantés avant (…) Derrière chaque réussite, il y a des années d’erreurs. »